Pris la main dans le sac plastique
3 juillet 2020

A l’occasion de la Journée mondiale sans sacs plastiques, ce vendredi 3 juillet, Reconcil fait le bilan sur l’utilisation des sacs plastiques en France.

Interdiction des sacs plastiques « légers » !

L’Union Européenne impulse le mouvement avec sa directive d’avril 2015. Elle incite les États membres à réduire leur consommation de sacs plastiques dits « légers ».  En France, le décret du 1er juillet 2016 ouvre la marche en interdisant les sacs plastiques fins, ou à « usage unique », aux caisses des magasins. A usage unique car, d’une épaisseur de moins de 50 micromètres, ce sac plastique s’envole facilement ou finit à la poubelle après avoir fait nos courses. 6 mois plus tard, il disparaît complètement de la circulation avec son interdiction en dehors des caisses. Ces dispositions s’appliquent pour tous les commerçants ; supermarchés, commerces de proximité, en incluant les marchés alimentaire en plein air.

Sacs plastiques d’une épaisseur de moins de 50 microns

Un bilan très mitigé

4 ans après l’action du législateur, nous devrions être heureux de ne plus voir de sacs plastiques se balader au grès des vents et des marrées… Mais non, ce n’est pas le cas. Il suffit simplement d’aller faire un tour sur un marché très fréquenté du 19e arrondissent de Paris, pour s’apercevoir de la supercherie ! Les sacs plastiques fins sont omniprésents sur toutes les étales. Soit réclamés par des clients, ayant oubliés leurs sacs réutilisables, soit donnés systématiquement par les commerçants, les sacs à usage unique sont toujours d’actualité. Malgré l’interdiction, nous avons pu témoigner en nous baladant le long du canal qu’ils finissaient par dégrader la faune marine. Un maraîcher d’île-de-France nous explique cependant qu’il termine son stock avant de changer pour des emballages écologiques en papier recyclé ou biodégradable.

Sacs plastiques d’une épaisseur de moins de 50 microns

Le cri d’alerte persiste 

Loin d’être les premiers à alerter sur les effets néfastes des sacs plastiques fins, Reconcil souligne le manque de cohérence entre la loi et la réalité. Encore trop utilisés, le sac plastique se dégrade très difficilement – voir jamais – entraînant des amas de sacs plastiques, dans les océans. On estime qu’environ 700 espèces d’animaux marins ont déjà ingéré du plastique et que d’ici 2050, toutes les espèces d’oiseaux marins en mangeront régulièrement. Malgré les directives dictées par la France, l’utilisation des sacs plastiques fins est encore trop observable au quotidien. Il est certain que les lois reflètent la volonté juridique de se saisir du problème. Cependant, un contrôle accru est nécessaire en parallèle pour obtenir un réel changement.

Sac plastique léger dans l’océan

Mais alors on utilise quoi à la place ?

Désormais, les sacs plastiques proposés en caisse doivent être d’une épaisseur de plus de 50 micromètres. Qu’ils soient payants ou gratuits, ils sont alors considérés comme « réutilisables » grâce à leur meilleure résistance. Cette affirmation reste à nuancer malgré tout. En effet, nous ne pouvons pas savoir si ces sacs plastiques sont réellement utilisés une seconde fois ou plus par les consommateurs.

De plus, il y a l’option des sacs plastiques biosourcés et compostables. Biosourcé, car à l’instar d’un plastique pétrosourcé traditionnel, ceux-ci sont fabriqués à partir de la fermentation du sucre contenu dans un végétal. La teneur biosourcée minimale dans un sac plastique est d’au moins 50 % à partir du 1er janvier 2020 et a comme objectif d’avoir 60 % de composition végétale d’ici 2025. De plus, ce sac doit être compostable ; il doit pouvoir subir un traitement biologique des déchets organiques. Il est intéressant de souligner que le compostage doit cependant être « domestique ». Pourquoi cette précision ? Le plastique compostable est en effet souvent soumis à des conditions précises de décomposition; température, humidité. Elles ne peuvent être retrouvées uniquement avec des composteurs industriels. Nous avons détaillé la problématique du plastique biosourcé dans notre article sur le PLA !

A gauche: sac plastique biosourcé et biodégradable.
A droite: sac plastique de plus de 50 microns d’épaisseur.

On a bon espoir

Loin d’attaquer les consommateurs ou vendeurs, Reconcil prend en compte les difficultés de chacun à délaisser le sac plastique jetable. Il est important qu’une sensibilisation à la cause soit plus forte mais les sanctions doivent finir par tomber. La première étape de la stratégie de gestion déchets appelée les Trois R « Réduire, Réutiliser, Recycler » est fondamentale. Réduire nos déchets, et surtout ceux à usage unique, passe par exemple par refuser un sac plastique léger à votre marché local. Privilégiez toujours les alternatives réutilisables comme des cabas ou le tote bag pour enfin sortir la tête du sac.

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