Histoire et définition

La consigne, c’est quoi ?

Le principe de la consigne est de faire payer au consommateur une petite somme supplémentaire en échange du prêt d’un contenant réutilisable. Lorsqu’il rend son contenant vide, le client récupère cette somme. L’objectif de la consigne est d’inciter l’acheteur à ramener son contenant pour faciliter son réemploi, sa réutilisation ou son recyclage.

Pour commencer : définition de la consigne

Le ministère de la Transition écologique définit l’intérêt de la consigne ainsi :

Les emballages consignés permettent de réemployer plusieurs fois les emballages et d’allonger leur durée de vie. Ainsi, on réduit les déchets qui en sont issus et les impacts environnementaux. Un emballage consigné est un emballage pour lequel l’acheteur verse une somme d’argent, la consigne, qui lui est rendue lorsqu’il retourne l’emballage afin que celui-ci soit réemployé

Un peu de vocabulaire

La gratification : C’est la somme d’argent que donne l’utilisateur en échange de son emballage réutilisable. Par exemple : 1€ le gobelet réutilisable dans les festivals de musique.

Le réemploi : Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus. Par exemple, les palettes dans l’industrie du transport.

La réutilisation : Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont préparés pour être de nouveau utilisés. Cette préparation peut prendre la forme d’un simple contrôle, d’un nettoyage ou encore d’une réparation.

Le recyclage : Procédé de traitement des déchets, y compris les déchets organiques, qui permet de réutiliser la matière pour fabriquer un nouveau produit.

D’où vient la consigne ?

Autrefois, la consigne était largement répandue en France. En 1938, une loi l’a même rendue obligatoire pour la brasserie et les eaux gazeuses ! Mais la société de consommation a peu à peu fait disparaître cette pratique : dans les années 70, les publicitaires se mettent à vanter la qualité prétendument plus hygiénique et moderne d’une bouteille à usage unique. Leur intérêt : créer leurs propres emballages, pour se différencier des concurrents…

Années 90 : le principe du pollueur-payeur

Au début des années 1990, face à l’augmentation considérable du volume de déchets, une réglementation sur la conception et la fin de vie des emballages ménagers est mise en place. Ainsi sont créés les éco-organismes auxquels les industriels versent une contribution pour la gestion des déchets : c’est le principe du pollueur-payeur. Cette nouvelle réglementation signe la fin de la consigne.

Une consigne qui perdure (un peu)

Mais la consigne de disparait pas tout à fait. En restauration, elle continue à être pratiquée par exemple chez certains producteurs de vin, ou dans le circuit des Cafés Hôtels Restaurants (CHR), avec le consignation de 30 à 40% des bouteilles et des fûts de bière. La consigne a également perduré en Alsace, où Zero Waste France considérait en 2019 que 25 millions de bouteilles consignées étaient déjà vendues chaque année.

On la trouve aussi dans d’autres domaines :

  • Logistique : Palette Europe/palette dite « VMF »
  • Secteur automobile : emballages consignés (caisses) entre équipementiers et constructeurs
  • Secteur chimie : bidons, fûts IBC plastique…

    Le retour de la consigne

    Aujourd’hui, la consigne se réinvente dans de nouvelles applications :

    • Cups écologiques pour l’événementiel (Esprit Planète, Eco Cup…)
    • Bouteilles pour le vrac liquide de Jean Bouteille
    • Service de location et lavage de contenants pour la restauration… Comme celui de Reconcil !

    Le Gouvernement français, avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, prévoit la fin totale des plastiques à usage uniques en 2040. La consigne fait largement partie des solutions encouragées. En 2021, le Gouvernement a d’ailleurs signé un engagement avec 19 acteurs de la restauration livrée, visant à réduire les déchets de ce secteur : Reconcil en est signataire, comme « porteur de solutions de réemploi dans le secteur de la restauration livrée ».

    Devenir traiteur zéro déchet : pile de contenants
    Lavage de contenants consignées dans notre station de lavage
    Bocaux consignés à la Laiterie de Paris

    Et en Europe, où en est la consigne ?

    Le système de la consigne fonctionne encore chez nos voisins européens. En Allemagne, la majorité des emballages de boissons est consignée pour une somme qui va de 0,8 à 0,25 € (canettes et bouteilles). Elle s’applique à la fois aux bouteilles réutilisables (0,15 €), mais aussi à celles qui seront recyclées (0,25 €). Cette différence de prix a été mise en place pour inciter les ménages à employer les bouteilles réutilisables. Grâce à ce système, le taux de plastique recyclé est de 40 %.

    En Belgique, la consigne pour réutilisation est surtout appliquée pour les bouteilles de bière et de vin. De plus, il existe un nombre de modèles de bouteilles de bière limité afin de faciliter la réutilisation. Contrairement à l’Allemagne, il n’existe pas de consigne pour recyclage ou pour le plastique.

    Globalement, on constate qu’en Europe, les pays qui gèrent le mieux leurs déchets sont aussi les pays qui ont mis en place un système de consigne.

    Études sur la consigne

    La consigne est-elle vraiment meilleure pour l’environnement ?

    La question se pose ! Cette vidéo de la Fondation Hulot et le Réseau Consigne résument l’intérêt de la consigne sur les bouteilles en verre en prenant en compte tous les paramètres : transport, utilisation des ressources, économie, emploi…

    De nombreuses Analyses de Cycle de Vie (ACV) ont été réalisées pour en étudier les avantages environnementaux de la consigne. Celles-ci comparent les emballages réutilisable par rapport aux emballages jetables. En voila quelques unes :

    •  comparaison de l’impact environnemental de la bouteille «  VK Alsace », consignée et réutilisée, par rapport à la bouteille jetable « Eco 75 » en 2009. Elle conclut que la bouteille réutilisée a un meilleur bilan environnemental.
    • comparaison de l’impact environnemental des verres réutilisables par rapport aux verres jetables lors de l’Euro 2008. Elle conclut que tous les verres réutilisables ont une charge environnementale moindre que celle des verres jetables.

    Dans un bilan des analyses de cycle de vie sur la consigne des emballages de boisson, l’ADEME, a une conclusion plus mitigée. En effet, elle souligne que les circuits courts doivent être privilégiés pour la réutilisation afin de ne pas alourdir le bilan environnemental par des transports inutiles. C’est là que mettre en place un système de consigne local, comme nous le faisons avec Reconcil, prend tout son sens.

    Pour aller plus loin : quelques liens utiles